Le « tamazight » de Djerba, également appelé « chelha » de Djerba ou « djerbi » est un dialecte traditionnel berbère encore largement parlé aujourd’hui sur l’île de Djerba. En effet, la plus grande partie de l’île est occupée par des populations d’origine berbère.
Les berbères sont au sens large les habitants autochtones de l’Afrique du Nord avant l’arrivée des peuples arabes. D’une manière plus générale, ce sont les autochtones de la région avant l’arrivée des romains et des phéniciens aussi. Sur le plan linguistique ils représentent différents groupes de langues et de culture commune, des îles Canaries à l’ouest de l’Égypte.
Les Berbères se désignent eux-mêmes par le terme Imazighen (pluriel); au singulier, c’est le terme Amazigh qui est employé, il signifie « homme libre ». Le mot tamazight, quant à lui, désigne leur langue berbère qui peut aussi s’orthographier langue « amazighe ».
Fortement minoritaires dans le pays actuellement, les berbérophones tunisiens représentent de nos jours moins de 0,5% de la population, soit un peu plus de 50.000 personnes, et se trouvent essentiellement sur l’île de Djerba ainsi que dans quelques villages du sud-est tunisien. Ce sont les femmes qui essentiellement maintiennent cette tradition berbérophone.
Le tamazight de Djerba est traditionnellement parlé dans six localités du sud et de l’est de l’île:
- Guellala : très forte présence de la langue amazighe ;
- Cedriane ;
- Mahboubine ;
- Sedouikech ;
- El May et Ajim, où la langue berbère a cependant connu un très fort recul au cours du 20è siècle.
Le tamazight de Djerba appartient au groupe des parlers zénètes orientaux, auquel appartiennent également les autres parlers berbères de Tunisie ainsi que celui de la ville de Zouara, en Libye. La langue amazighe est une langue aux consonances explosives où la lettre « t » revient presque à chaque mot.
Les symboles d’origine amazigh occupent depuis toujours et encore aujourd’hui une place essentielle dans la culture djerbienne et dans l’artisanat local. Les représentations sont nombreuses, comme par exemple dans le domaine de la bijouterie. Le « khlel », que vous verrai orner l’habit traditionnel des femmes de Djerba en est la parfaite illustration. Fibule composée d’une partie triangulaire et d’une partie ronde, généralement en or ou en argent, il sert à attacher les tissus du vêtement traditionnel. C’est un symbole de beauté, mais aussi de richesse.
Le combat pour la reconnaissance de l’identité Amazighe en Tunisie prend de l’ampleur. Des étudiants de différentes régions du pays exigent des autorités de prendre en considération la langue Tamazight et même de la promouvoir. Plusieurs associations culturelles ont vu le jour récemment pour assurer l’apprentissage de la langue tamazight, en assurant plusieurs activités culturelles.