Les ziaras à Sidi Jmour, par Béchir Kouniali
Le nom de la mosquée n’a pas changé, mais tout a changé autour. Les deux bâtiments sont toujours là et n’ont heureusement pas subi beaucoup de transformations et d’ajouts de minaret et autres. C’était désertique autour et les arbres ombragent la place n’existaient pas les années 50. La plage de Sidi Jmour est devenue donc une des destinations estivales de l’île ces dernières années.
J’ai connu Sidi Jmour et ses plages rocheuses vers la fin des années 40. Il n’y avait aucune habitation aux alentours. Les habitants les plus proches étaient ceux de Mellita qui lui rendaient une « ziara » chaque année…Voilà que les souvenirs du fameux canon de Sidi Jmour me reviennent. Il y avait effectivement un canon couché sur le sable au bas de la mosquée ; existe-il encore ? …Beaucoup de visiteurs, pas tous, s’exerçaient à le soulever ou le bouger un petit peu.
Je n’avais pas encore dix ans, et je m’en souviens des ziaras que nous faisions chaque été à l’une des zaouias en bordure de mer :Sidi Salem, Sidi Smaen, Sidi yati, Sidi Mahrez…Il n’y avaient peut être pas plus de quatre voitures privées à l’époque, un ou deux taxis et enfin deux camionnettes remplacèrent les calèches pour faire les grands trajets rejoignant Houmt-Souk au reste des villages de l’île.
Décidément, c’est la hantise de « houch Ommi Zelha » ou quoi ? En effet c’était bien là que tout s’organisait. Cette année les trois organisateurs : tante Rgueya et ses deux neveux, Ali et Salem décidèrent de louer le mini bus d’Hugo Didi pour emmener tout le monde à Sidi Jmour.
Nous étions tous bien excités, petits et grands ; fini le voyage en calèche, mais en camionnette cette fois-ci. Nous devions partir en début de soirée, passer la nuit et le lendemain à Sidi Jmour. Nous autres enfants continuons à jouer et les adultes organisaient tout ce qu’il fallait prendre pour les 24 heures à passer à Sidi Jmour.
Tout est prés mais Hugo ne venait pas. Son camion est-il en panne ? A-t-il été faire une longue course vers Midoun ou autre ? Nous attendîmes, encore et encore et Hugo ne fit aucun signe de vie. Il n’y avait pas le téléphone à domicile à l’époque et surtout pas le portable d’aujourd’hui. Il commençait à faire tard et fallait aller le voir chez lui. De houch Ommi Zelha derrière Sidi Bouakkazine à la maison Didi devant le café Ben Daamech, il ne fallait pas plus que dix minutes à pieds. Je ne rappelle pas qui a été se renseigner et qui est rentré sans nouvelles.
Ah !! , les grands se rendirent compte que c’était vendredi soir et sabbat chez les israelites. Hugo était-il pratiquant ? Mais il ne vint pas nous chercher ce soir et le voyage fut porté au lendemain. C’était ma première « nuit blanche » et le matin, il fallait aller au koutteb à Sidi Bou-Hjar. Je crevais de sommeil et je me suis étalé sur le sable, à mi-chemin à « seniet el Gadhi, à l’ombre de la tabia de dar Muçon ou Mousson le propriétaire d’un mini avion à l’époque.